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Statut d’auteur

Vous avez participé à la rédaction d’un texte en collaboration, mais êtes-vous une personne coautrice? Cette question est parfois plus complexe qu’il n’y parait. Cette page Web vise à apporter les nuances entre le statut d’auteur et celui de collaborateur dans le cadre des publications scientifiques ou de votre mémoire/thèse par articles.

Les principes directeurs sur la reconnaissance des auteurs

Définition de la personne autrice

Au Canada, la Loi sur le droit d’auteur ne définit pas ce qu’est un auteur.  La Loi précise simplement que l’auteur d’une œuvre est le premier titulaire du droit d’auteur sur cette œuvre. L’auteur détient à la fois des droits moraux et des droits patrimoniaux. Le titulaire du droit d’auteur sur une œuvre peut céder ce droit, en totalité ou en partie, d’une façon générale ou avec des restrictions relatives au territoire, au support matériel, etc. Il peut également concéder, par une licence, un intérêt quelconque dans ce droit.

À l’Université Laval, le vice-rectorat à la recherche et à la création (maintenant VRRCI) a adopté en 2012 les Principes directeurs sur la reconnaissance des auteurs d’une publication élaborés par l’International Committee of Medical Journal Editors (ICMJE). Ces principes servent à déterminer non pas ce qu’est un auteur, mais plutôt ce qui le caractérise.

Ces principes ont été intégrés dans la Politique sur la conduite responsable en recherche, en création et en innovation à l’Université Laval. Il s’agit de 4 critères permettant de qualifier le statut d’auteur; ces principes font consensus parmi les éditeurs, quasi à l’échelle internationale. Ils s’appliquent aux chercheurs et chercheuses qui soumettent une publication ainsi qu’aux membres étudiants de l’Université Laval réalisant un mémoire ou une thèse par articles. Consultez tous les détails au sujet des règles de présentation à la Faculté des études supérieures et postdoctorales (FESP). 

Description des quatre principes

Pour être considérée comme une personne coautrice d’une œuvre, il faut obligatoirement répondre aux quatre principes suivants :

1- Contribuer de manière significative à au moins une des trois étapes suivantes :

    • Conception et mise en place du plan de travail
    • Réalisation des expérimentations ou collecte de données
    • Analyse et interprétation des résultats

2- Participer à la rédaction ou à la révision critique du contenu intellectuel du document;

3- Donner son approbation à la version finale du document;

4- Défendre les grandes lignes du document et le contenu correspondant à sa contribution.

Les personnes qui ne satisfont pas à tous ces critères, mais qui ont contribué à l’une des étapes devraient être mentionnées dans les remerciements du document ou de l’œuvre. Il s’agit alors d’une personne collaboratrice.

Les degrés de contribution

Contribution substantielle

Une contribution substantielle est une contribution à toutes les étapes du processus, un engagement actif, stable et marqué. Sans cette personne coautrice, l’article n’existe pas.

Contribution significative

Une contribution significative est une contribution ponctuelle importante dans l’œuvre à un moment donné. Elle pourrait être soit déterminante, soit le travail aurait été différent sans cet apport, mais la contribution est limitée à une étape précise. Par exemple : idéation, analyse critique, conseils scientifiques, collecte et analyse des données, etc.

Le calcul et pourcentage des personnes coautrices

ICMJE propose une fiche d’autodéclaration des personnes coautrices en pointage: ICMJE Authorship Calculator

Taxonomie CRedit

La Taxonomie CRedit est une nomenclature standardisée qui permet d’aller plus loin que de simple remerciement en reconnaissant le travail réalisé et la compétence de chacun des collaborateurs. La taxonomie normalisée CRediT, de la National Information Standards Organization (NISO) se décline en 14 rôles qui permettent de reconnaitre les contributeurs à leur juste mesure, un contributeur pouvant se voir attribuer un ou plusieurs rôles, ce qui permet la reconnaissance exacte de sa contribution. Cette taxonomie permet une attribution claire, précise et homogène du rôle de chaque personne ayant pris part à un article scientifique.

1- Conceptualisation : idée, formulation, objectifs de la recherche.

2- Curation et gestion des données.

3- Analyse des données : analyses statistiques, mathématiques, informatiques.

4- Obtention du financement pour le projet menant à la publication.

5- Recherche : conduite d’un processus de recherche et d’enquête, réalisation des expériences, compilation des éléments de preuve.

6- Méthodologie : développement, conception des méthodes, création des modèles.

7- Administration du projet : responsabilité de gestion et de coordination de la planification et de l’exécution de la recherche.

8- Ressources : mise à la disposition de matériel d’étude, de patients, d’échantillons de laboratoire, d’animaux, d’instruments, de ressources informatiques, ou d’autres outils d’analyse.

9- Développement informatique : conception de programmes informatiques, mise en œuvre du code informatique et des algorithmes, test des éléments du code.

10- Supervision : responsabilité de surveillance et de direction de la planification et de l’exécution de la recherche, incluant le mentorat externe à l’équipe principale.

11- Validation de la reproduction/reproductibilité globale des résultats et des expérimentations.

12- Visualisation ou présentation du travail, des résultats de recherche ou des données.

13- Rédaction – ébauche : préparation, création ou présentation du travail, rédaction de la version initiale, y compris traduction.

14- Rédaction – révision – correction : examen critique, commentaire ou révision, incluant les étapes préalables ou postérieures à la publication

L’attribution inappropriée du statut d’auteur

Le non-respect des quatre critères peut entrainer des manquements à l’éthique. Les deux cas les plus fréquents sont les suivants:

1- Les personnes autrices honorifiques «gift» ou «guest authors» : ces personnes sont mentionnées comme coautrices en raison de leur notoriété même si elles ne répondent pas aux 4 principes. La mention de leur nom dans la liste des coauteurs donne plus de crédibilité à la publication (personne qui dirige les mémoires et les thèses, mentor, chercheur ou chercheuse sénior, etc.).

2- Les personnes autrices fantômes «ghost authors»: ces personnes ne sont pas mentionnées alors qu’elles répondent aux 4 principes car elles sont inexpérimentées, peu connues, elles ont quitté le groupe de recherche avant la soummission de l’article à un éditeur, etc.

L’attribution inappropriée du statut d’auteur (invalide ou inadéquate)  sont des manquements à la conduite responsable en recherche,  voir cette page pour en savoir plus sur le traitement des manquements présumés: Signaler un manquement à la conduite responsable en recherche. 

Bon à savoir: Les outils de l’intelligence artificielle ne sont pas des auteurs, encore moins des coauteurs. Pour en savoir plus, consulter notre page sur l’intelligence artificielle.

L’ordre des personnes coautrices

Il n’existe pas de règles institutionnelles à ce sujet, uniquement des traditions disciplinaires et des pratiques éditoriales. Nous vous recommandons une discussion collective en amont, au début du projet afin d’établir des critères clairs. L’ordre pourra évoluer au fil du projet selon les participations effectives de chacun. Mais peu importe l’odre, chacune des peronnes coautrices doivent répondre aux quatre principes directeurs de l’ICMJE.

Il existe trois méthodes possibles :

  • Contribution décroissante : le premier auteur est celui qui a le plus contribué à l’article (recherche et rédaction), et ce, peu importe son statut.
  • Contribution égale : dans le cas de plusieurs premiers auteurs, on utilise l’ordre alphabétique.
  • Ordre alphabétique : peu importe la contribution, en autant que les personnes coautrices remplissent tous les critères.

Si vous optez pour la méthode de la contribution décroissante, la fiche d’autodéclaration des personnes coautrices en pointage est un outil à considérer : ICMJE Authorship Calculator

Responsabilité des personnes coautrices

Les personnes coautrices sont conjointement et solidairement responsables du contenu de la publication et doivent être en mesure de défendre l’article dans son ensemble. Cela implique une responsabilité financière, scientifique, juridique et éthique.

«Signer une publication scientifique est un engagement fort, qui suppose d’avoir eu une contribution significative à la conception ou à la réalisation des travaux présentés, et d’en endosser la responsabilité morale».

Source: Les bonnes pratiques de signatures, et les conseils pour régler au mieux les tensions de co-autorat par Catherine Coirault et Ghislaine Filliatreau [27 novembre 2023]

Points intéressants

  • La qualité des personnes contributrices ou autrices repose sur des faits : garder des traces écrites (cahier de laboratoire, courriels);
  • La position des personnes autrices doit être discutée collectivement AVANT l’envoi du manuscrit à l’éditeur;
  • Établir dès le début un tableau de contributions et évoquer les rangs prospectifs des personnes coautrices;
  • Faire le point au fur et à mesure, repréciser régulièrement le rôle et la position des personnes;
  • Garder contact avec les personnes étudiantes et toutes les personnes contributrices qui ont quittées;
  • Un article est une co-propriété intellectuelle, un travail collectif.